Ne pas confondre être DANS le bureau et être SOUS le bureau (Sid)

Sissy m'avait bien dit de pas y aller. Mais je veux des sous, je veux travailler, j'en ai besoin. Pourtant elle a raison : je suis vraiment pas du tout en état de bosser. Mais Sid m'a appelé. Et j'aime bien mon boss parce qu'il est vraiment cool comme patron. Et j'aime beaucoup travailler au Colisée, il y règne une ambiance assez familiale. C'est pour cela que j'ai pris mes affaires de travail et que je suis arrivée avec une bonne grosse heure d'avance. Mes missions en ce moment sont assez simples. Soit je suis derrière le bar, soit croupière. Faut dire qu'il peut me mettre où il veut, je bosse. Ce soir, je serais croupière et ça me convient. En attendant, je suis dans le vestiaire des femmes et observe mon corps. J'ai encore un bleu au niveau de ma pommette droite. Il n'est pas si visible que ça et je peux le camoufler. Par contre, j'ai des gros bleus au niveau de ma hanche droite et de mes jambes, surtout un au niveau du genou gauche. Je soupire et commence à m'habiller, ressentant les courbatures des derniers jours. Je suis revenue il y a deux jours, j'ai l'impression d'être encore au bout de ma vie. Je soupire, les sourcils froncés et commence à me maquiller, en appliquant les conseils de Sissy. Une fois le résultat escompté obtenu, je me brosse les cheveux et les attache. Je me regarde un instant dans le miroir. Parfait. J'avance donc doucement dans le hall lorsque vient mon heure de travail et commence donc à faire ce pour quoi je suis payée. Malheureusement, je suis plus lente que d'habitude et ça me procure un véritable stress. Les clients ne sont pas très contents et j'ai de plus en plus mal à mon corps. Bon sang, d'ordinaire j'y arrive. Mon coeur palpite, j'ai envie de pleurer. Je suis fatiguée. J'aurais dû écouter Sissy. Soudain, une main se pose sur mon épaule. Je sursaute. Une collègue me dit que Monsieur Leatherwood veut me voir. Je devient blanche et tombe des nus. Bon sang. Je me déteste. Je pars pourtant en direction de l'ascenseur qui mène au bureau du patron. Pendant la montée, le stress monte. J'ai la boule au ventre et j'ai envie de pleurer. J'ai envie d'oublier. J'ai envie d'fuir. J'ai envie de me téléporter et d'être avec Sissy et mon chat. J'aurais pas dû accepter et trouver une excuse bidon. Je viens souvent avec des bleus et des souvenirs catastrophiques comme ici, mais ce taffe me permet d'oublier ce qu'on peut voir et vivre avec les Shepherd. Je prends les choses beaucoup trop au sérieux et alors que la porte s'ouvre, je m'avance doucement avec du mal et beaucoup d'angoisse. Là, je raclme ma gorge « Bonsoir Monsieur Leatherwood ... vous avez demandés à me voir ? » demande je anxieuse, triturant le bout des ongles enre eux

Si j'étais nue, on pourrait croire que j'étais battue par un petit ami ou une petite amie ou encore quelqu'un de la famille, voire même avec Sissy, puisque désormais je vis chez elle et que l'entreprise connait maintenant mon adresse fixe. Bref. Je ferme les yeux dans cet ascenseur, inspire et expire, voulant oublier les images qui aiment beaucoup trotter dans ma tête. Certaines images sont gravées en vous, comme dans du marbre. Et rien ni personne ne peut les enlever. J'ai déjà mis énormément de temps à accepter certaines choses de mon passé et avec ce que je vis dans mon quotidien au bateau, c'est une toute autre affaire. Et tandis que les échos d'hurlements se font lointain dans mon esprit, la porte s'ouvre et je rouvre les yeux, marchant normalement vers mon patron, tout en serra ma mâchoire concernant mes douleurs. Je déglutis. Zut. Faut pas qu'il devine ce bleu sous mon maquillage pourtant si bien réalisé. J'ai suivi tous les conseils de Sissy, on a même fait un facetime. Le stress est à son comble quand il me demande de m'assoir. J'hoche brièvement la tête et me concentre sur ma douleur pour ne pas la montrer. Mais il est pas con. Il le verra. Il verra que je suis raide comme un piquet, il verra ce rictus quand je m'assois, rictus qui répond à une douleur que j'ai au niveau de mes côtes. Ce ne sont que des bleus. Des bleus de coups pris il y a quoi, trois jours. Mais c'est encore douloureux.

Je déglutis. Bon, quelle couleuvre je peux lui faire avaler ? Non parce que balancer un "oh bah ya trois jours j'ai sauver des baleines d'un massacre contre des habitants des Îles Féroé pas contents qui m'ont bien cassé la figure" ... alors même si c'est vrai pas sûre qu'il me croit. J'inspire et expire doucement « Je sais je ... ma colocataire m'a conseillé de ne pas venir au travail, mais je ne voulais pas refuser cet extra » commence je, triturant mes ongles « Disons qu'il y a environ trois jours ... je suis tombée en glissant dans le salon et je me suis cognée contre un meuble au niveau de mes côtes et je suis tombée ... je suis de nature très maladroite et il m'arrive souvent de me cogner d'ailleurs » fis je avec un sourire maladroit, essayant de noyer le poisson. Bon. J'aurais pu quand même dire que je me suis faite agresser, mais je ne veux pas l'inquiéter. Donc l'excuse nulle du "me suis cognée et jsuis un boulet" ça devrait passer .... non ?

J'écoute le patron et déglutis, triturant mes doigts et serrant ma mâchoire. Mince. J'ai tellement besoin d'argent, j'ai tellement envie d'aider Sissy dans notre quotidien. Je sais que je me mets une pression monumentale, mais elle est devenue très rapidement très importante pour moi et je ne veux pas la décevoir. J'allais ouvrir ma bouche pour protester, mais il avait pris sa décision. Je suis tellement déçue ... de moi. « Je suis vraiment désolée Monsieur Leatherwood ... je ne pensais pas que j'allais être un boulet ce soir. Mais je me rattraperai » ma parole est d'or, je ne fais jamais de promesse à moitié. Je sais que je suis une bonne bosseuse et que je sais gérer la pression, que je sais gérer les foules et beaucoup de choses. J'aime beaucoup jouer avec les cartes, discuter avec les gens et être croupière m'éclate. Mais là ... punaise j'ai tellement merdé. Et puis, va savoir pourquoi j'lui ai balancé une excuse à la con. J'aurais pu lui dire que je m'étais faite tabasser dans la rue, ça aurait été sans doute mieux que cette excuse de merde. Et puis il a bien vite compris que je venais de mentir. Me voici donc devant mon boss, plus proche qu'avant et avec un verre en main ... et ce boss qui ... euuh wait what ? Je secoue vivement ma tête « Ah non non non ne vous m'éprenez pas » fis je avec un léger sourire. Je déglutis et racle ma gorge « Je ... je n'ai pas de petit ami depuis ... une dizaine d'année. Juste des plans d'un soir et encore » fis je. Une ombre passe sur mon visage, ma main serre ce verre. Une image, des hurlements me font fermer les yeux et les fait rouvrir. J'inspire et expire tout en levant mon regard vers lui « Disons que ... bon ... vous allez sans doute savoir ce que je fais en dehors du Colisée par la force des choses je pense » ouuuh trop teasing là ! Accouches jeune fille « Je suis membre de la Sea Shepherd et il m'arrive de partir dans un bateau, en mission pour sauver soit des cargos remplis d'individus vendus en marché noir ou des animaux » finis je par avouer. Il va sans doute pas me croire, mais je m'en fou, c'est la vérité. Et je ne suis pas quelqu'un qui ment, bien loin de moi cette attitude « Il y a trois jours, avec mon équipage, nous sommes partis aux Îles Féroé sauver des baleines » tout simplement. Elle est géniale ma bombe hein ? Résultats des courses, je me suis prise des raclées dans la tronche et j'ai fais du rodéo sur des baleines et des bateaux. Au top ma vie j'vous l'dis !

Je déglutis, honteuse, des rougeurs apparaissent sur mon visage empli de honte. J'hoche alors la tête « Je ferais le nécessaire » affirme je, le regardant alors. C'est bizarre aussi de se confier à quelqu'un qui ne fait pas parti de son équipe. De lui dire que je suis célibataire. Il ne sait pas non plus que ma famille vie loin, il sait juste qu'il doit appeler Sircey et mon capitaine en cas de soucis, même si le Capitaine ... bah disons que j'ai mis ses coordonnées et non pas sa fonction sur la fiche. Enfin bref. J'eus un sourire à sa réflexion et arque légèrement mon sourcils « croyez moi, vous préfèrerez ne pas connaître cette petite partie de ma vie » fis je amusée. Inutile d'en dire plus. Tout ce que j'ai vécu, ça s'est passé il y a 10 ans et encore aujourd'hui, je trouve que ... cet instant ... ce moment ... c'est surréaliste. Enfin ... c'était. Et évitons de parler du père et de la mère aussi. Moins il en sait mieux s'est. Et pourtant, il faut quand même que je justifie pourquoi j'ai ces blessures. Alors je lui raconte ce qu'il s'est passé il y a quelques jours. Il peut ne pas me croire, mais ayant ma carte membre sur moi, il ne pourra que me croire. On en parle aussi des vidéos où j'affirme nettement et fièrement mon appartenance à la Sea Shepherd ? Et des vidéos où je suis sur le navire ? On pourra en parler s'il me croit pas. Mais le patron n'aura pas besoin de tout ça « J'aurais eu des preuves si vous ne m'avez pas cru » lui dis je alors avec calme et douceur, tout en souriant tadis qu'il boit une gorgée. A sa question, j'hoche la tête, refoulant pourtant des larmes. Oui. Non avons réussi à sauver quelques vies. Pas toutes. Pas ... au début du massacre. Je déglutis et me mets à rire « Oh non. Nous, nous ne faisons pas que de gueuler et dire aux gens que ce sont des égoïstes. Nous, nous agissons » dis je alors, sérieuse, totalement impliquée dans ma cause « Je gère toute la com' d'un de nos navires et je fais des vidéos sur YouTube. Je préfère remercier les gens qui nous soutiennent et leur montrer ce qu'on fait de leur argent, que de gueuler. Je préfère ... être positive, même si parfois c'est très dur. Vous savez, nous ne faisons pas que sauver des animaux, il nous ait arrivé de libérer des humains enfermés dans des cargots de navire » dis je alors. Et puis, je n'en dis pas plus, je risque de l'ennuyer d'ailleurs « Je suis désolée, c'est quelque chose qui me tient à coeur, tout ce que nous faisons, ce que nous vivons, c'est vraiment quelque chose d'unique et parfois je suis un peu trop passionnée. Je ne veux pas vous nenuyer avec tout ça » fis je avec un sourire gêné

Je le regarde et déglutis. Je n'ai pas forcément envie de lui parler de ça. Non, pas maintenant. Voire jamais si possible. Je secoue la tête « Il y a des secrets qu'il vaudrait mieux ne pas déterrer si vous voulez mon avis » et les laisser enfouis. Oublier ces cris. Oublier ce sang. Oublier cette odeur. Oublier ... cette nuit. J'en fais encore des cauchemars. Je le vois encore, avec son sourire. Lui, pensait que tout irait bien. Pour moi. Oui. Pas pour lui. Finalement, j'en suis sortie ... mais plus comme avant. Veut il réellement tout savoir? J'espère qu'il me forcera pas à me tirer les vers du nez et auquel cas, je lui demanderai de me laisser tranquille. De ne pas aller plus loin. Il parait qu'en parler me ferait le plus grand bien. Peut être. mais non.

Mine de rien, Sid m'arracha un sourire et un rire. Je secoue la tête à sa demande « Nop, je suis vierge ... de toutes sortes de tatouages ou autre gribouillis du genre » fis je en souriant. Ouais, vierge de dessins. Mais pas vierge d'autre chose ! Sauf que ce détail, je le garde pour moi, se serait déplacé que de lui sortir ça en pleine face, faut dire que même s'il est incroyablement sexy comme patron, je n'ai pas envie d'être malpolie avec lui, surtout qu'il fait preuve d'une incroyable gentillesse à mon égard.

Je souris, timide, alors que je m'enflamme quant à ma passion, ce que je fais etc ... « Oui c'est sûr mais je ne veux pas paraître impolie ou envahissante avec ça » fis je en regardant mon boss. Et c'est là que je le vois marcher vers son bureau, prendre quelque chose et griffonner. Enfin, il me tend un papier. Je me lève, doucement et le prends doucement, machinalement et là .... boum ... mon coeur eu un raté. Bordel de merde ! C'est pas une petite somme ça !!!! « Monsieur Leatherwood je ... » commence je en bégayant. Je peux pas accepter un si gros chèque. je déglutis, ah bah en plus je DOIS l'accepter « Je suis ... vraiment ... reconnaissante ... c'est ... je vous remercie vraiment » lui dis je, sincèrement, émue. Et pour être émue, j'le suis clairement ! Je déglutis ne sachant pas trop quoi faire ou dire, tenant le chèque entre mes mains. Bon sang, ça va nous aider. Pas entièrement, mais ça va bien nous aider. Je vais devoir l'envoyer à l'asso' parce qu'il y a un protocoles à suivre, mais concrètement, c'est juste et tout bonnement génial. Mais je me remets de mes émotions et sors de ma poche un porte feuille où j'insère soigneusement le chèque dedans « C'est hyper gentil de faire ça ... vous n'étiez vraiment pas obligés » fis je avec un sourire gêné.

Je regarde mon patron qui me montre une partie de lui que j'apprécie énormément. Il n'insiste d'ailleurs pas sur ma vie, mon histoire. Je n'ai pas forcément envie qu'il sache ce qu'il y a sous cette carapace que je traîne depuis des années. Je lui souris, tandis que je souhaite être tout sauf impolie ou envahissante. Je n'ai pas envie de l'importuner outre mesure, il a sans doute bien d'autres choses à faire que de s'inquiéter sur ma propre petite vie. Ou alors c'est que je le surestime peut être trop ou que je ne le connais pas réellement. La preuve, il m'assure que je ne le dérange absolument pas et venant de lui, je trouve cela très gentil et rassurant. Je me mets à sourire et rire, tout en secouant la tête « Oh non, je ne suis pas du tout de ce genre-là ! Je vous explique juste ce que je fais, si vous désirez en savoir plus et prendre part à la cause, je peux vous montrer, mais si vous ne le souhaitez pas, ce dont je peux comprendre, car cela demande beaucoup d'investissement, et bien je n'insisterai pas » fis je simplement. Je ne suis pas de ceux qui sont relous ou qui insistent lourdement sur une cause. Toutes les causes sont bonnes pour être soutenues. Encore faut il avoir l'envie, l'énergie et la volonté de le faire. En tout cas j'apprécie fortement Sid, enfin M. Leatherwood, mais bon il n'est pas dans ma tête donc je peux l'appeler Sid dedans non ? Aha ! « Je vous avoue que ... oui. Je suis rassurée surtout que vous ne me demandez pas de prendre la porte par exemple. J'ai déjà eu des patrons bien moins conciliants que vous » avoue je en hochant la tête, tout en rangeant précieusement le chèque dans la poche interne de ma veste de travail. Je lui suis reconnaissant d'être si gentil, d'être si compréhensif « Merci pour votre gentillesse et compréhension » fis je en hochant la tête