1 Ezekiel est né dans le Bronx dans une famille mono parentale. Sa mère essayait de gérer l'éducation de ses 2 garçons comme elle pouvait, multipliant les petits boulots. Très vite, Ez décida de l'aider, à sa façon , d'avoir à moins dépendre d'elle, de s'émanciper. C''est ainsi qu'il commença à passer la drogue pour les plus grands contre une paire de basket par exemple -sans doute volée- pour ne pas avoir à demander à sa mère de remplacer celles qu'ils portaient depuis bien deux mois de trop.
2 Son implication dans les deals du quartier avait donc commencé avec une bonne intention mais quel gamin se contente de ça quand il prend goût à la tune ? Pas lui en tout cas. Alors que sa relation avec sa mère se détériorait, cette dernière ne supportant pas les risques qu'ils prenaient et la remise en question de son statut à elle de chef de famille. Ezekiel cachait moins en moins les cadeaux qu'on lui faisait, ou qu'il se faisait avec l'argent amassé. Gâtant son petit frère Daniel il ne se rendit même pas compte qu'il l'empoisonnait lui aussi avec de l'avidité.
3 Il avait 18 ans et son cadet seulement 16 quand la merde les rattrapa. Il était en voyage avec des potes, vivant sa meilleure vie quand elle dérapa. Un coup de téléphone décroché après un verre avec une petite blondasse sur les genoux et sa mère lui expliqua que Dan avait été pris dans une altercation avec les flics et s'était mangé une balle mortelle . La colère, le chagrin, la culpabilité, tout lui tomba dessus en un instant. Les mots dures de sa mère contre lui ne le touchèrent pas plus que la certitude qu'en effet il était grandement responsable. Lui et le flic qui avait sorti son flingue contre un ado de seize ans.
4 Il a fuit la ville pendant longtemps, tout le temps de l'enquête. Sa mère lui avait fait comprendre qu'elle ne voulait plus le voir, qu'elle avait perdu ses deux fils et lui toute sa famille. Il sût tout de même par des amis que le flic s'en était tiré avec un blâme, rien de plus. La rage l'envahit et il détourna toute ses pensées vers l'idée de se venger . L'agent Spence se devait de souffrir autant que lui avait souffert. Il échafauda un plan en se renseignant un peu sur lui , sur sa vie familiale, sur sa femme, sur sa fille du même âge que Dan. Elle faisait des concours de beauté , blonde, mignonne... c'était parfait pour se rapprocher d'elle jusqu'au moment où il pourrait fondre sur sa véritable proie : son père.
5 C'était bien dessiné dans son esprit. Du moins les bases : Il allait draguer la petite adolescente, ne ferait pas semblant sur les aspects les plus agréables de la relation -après tout elle était majeure sexuellement et cela n'aurait pas été crédible pour le genre de mec qu'il était de se contenter de quelques baisers- Puis au plus proche d'elle, il pourrait rencontrer sa famille et faire ce qu'il avait à faire. Oui à ce niveau là, il ne savait plus exactement comment il allait finir par mettre un flingue sur sa tempe et tirer mais il s'en foutait. Il ne voyait pas plus loin de toute façon. Ce qui se passa était donc d'autant plus étonnant. Car Aliénor Spence, était plus que la bimbo sans cervelle qu'il s'était attendu à trouver, qu'elle commençait tout doucement à lui plaire plus que de raisons : son rire, ses courbes. Il en oublia d'aller voir ailleurs ou même de la presser pour se faire inviter un dimanche midi chez eux. Non … elle lui manquait quand elle devait quitter l'état pour ses concours et tout naturellement leurs conversations téléphoniques devenaient de plus en plus sans complexe, des bouts de peau, des vidéos plus osés. De quoi faire oublier à un type comme Ezekiel de tirer sur sa clope quand il ouvre les clichés et sa vengeance, le temps d'un instant trop bon pour être faux .
6 Cela commençait à durer, Ezekiel se racontait des histoires, perpétuant dans sa tête l'image de parfait connard pour qui les gonzesses n'étaient que des distractions et elle,qu'un moyen d'en arriver à ses fins. Parfois cela marchait et il la revoyait, l'embrassait, se prenait au jeu à un point où il sut qu'il était en train de le perdre. Il aurait put la quitter, tout simplement mais cela n'aurait pas été suffisant, il fallait que cela vienne d'elle, qu'il n'est aucune chance de la recroiser , de vouloir la toucher et qu'elle dise oui. Il a donc utilisé les photos qu'elle lui avait offerte, les a fait tourner dans son lycée... Cela a vite prit, bien évidemment et il s'est fait larguer sans même répondre à la question du pourquoi. Il prit ses distances et à son grand étonnement il se demandait juste comment il allait vivre sans sa dose et même plus comment il allait faire payer à son père.
7 Il resta un long moment dans le flou, et honnêtement c'est la période où il a le plus abusé de tous les vices : alcool, drogue, femmes. Il ne savait pas où il allait, depuis des années c'était l'idée de tuer le connard qui avait tiré sur Daniel qui le faisait se lever le matin. Il s'était retiré le seul objectif que du haut de sa vingtaine d'année il avait possédé. Cela a duré longtemps, trop longtemps jusqu'au jour où il croisa de nouveau sa mère au cimetière que tout explosa de nouveau, les reproches surtout mais Ezekiel était devenu plus lâche... il n'arrivait plus à admettre que s'il retirait le père Spence de l'équation, il ne restait plus que lui à blâmer et ça, ça lui était insupportable, il s'était devenu insupportable à lui même. Il lui fallait donc revenir à ses bonnes vieilles habitudes : détester ce père de famille qui vivait comme si de rien n'était alors que la sienne n'avait plus rien de chaleureux. Il réfléchissait à une nouvelle façon de l'approcher, en évitant Aliénor et cette fois d'aller jusqu'au bout : il était le plus vulnérable aux balles en service... alors il bosserait avec lui , deviendrait flic lui même.
8 Cela fit grand bruit auprès de ses amis, connaissant ses abus, il n'avait pas le profil même s'il en avait la condition physique. De nouveau il dut changer ses repères , la majorité de ses fréquentations pour rentrer dans une école de police, loin du Bronx. Ne plus toucher aux substances illicites qui l'aidaient à dormir était plus compliqué que tout le reste des épreuves. Contre toute attente il se trouva qu'il était bon dans ce qu'il apprenait, aussi bien les tests physiques que les techniques d'enquête. Il était déterminé, c'est ce que tous soulignaient dans ses évaluations. Ils ne savaient pas à quel point et pourquoi.
9 C'est à ce moment là de sa vie qu'il fit la rencontre d'une autre jeune femme. Pour être honnête, il aurait pu très bien l'oublier dès le lendemain mais elle vint lui présenter sa fille neuf mois plus tard. Son propre père il n'en connaissait même pas le nom de famille, ni son origine. Il s'était barré quand il avait deux ans. A part une ou deux photos, il pouvait tout aussi bien être un type bien repartie avec sa femme officielle qu'un grand chef de mafia volage. Alors il ne pouvait pas totalement faire la même connerie mais pas non plus emporter un enfant innocent dans les siennes. Il aide la mère à pourvoir à ses besoins, le voit quelque fois mais sans essayer de le faire s'attacher à lui. Il est revenu au Bronx de toute façon, est devenu un père à distance.
10Le premier choix de son affectation : chez lui. Il ne se facilitait pas la tâche selon les autres dans ses rues où le crime faisait loi. Mais il bossait de nouveau d'arrache pied jusqu'à rentrer dans la brigade de Spence. Il touchait de nouveau du doigt son objectif même s'il n'était qu'en surface le bon petit flic. En réalité, dans ce quartier il connaissait bien trop de criminel pour être blanc comme neige, pour ne pas accepter de regarder ailleurs quand il s'agissait de pote, ou d'accepter un peu de tune quand il s'agissait de plus gros bonnets.