De vraies retrouvailles (Ezie)

Je pose mon portable pour filer devant mon armoire. Je réfléchie plus. Faut pas réfléchir. Surtout pas maintenant. Putain. Mon cerveau part en vrille. Je l'avais pourtant repoussé, j'aurais jamais dû lui envoyer de messages. Ta gueule Nora. Tais toi. J'étais en nuisette, après m'être douchée, je la dégage et je prends la première robe qui passe. Je pourrais me préparer correctement, mais là, j'm'en fou. C'est pas important. Non. Je prends même pas la peine de mettre un soutif. Je récupère la première culotte en dentelle, des chaussettes, la paire de bottine dans le hall d'entrée, une écharpe et ma veste. Mais je retourne dans ma chambre pour récupérer mon sac où je mets tout ce dont j'ai besoin. Je me dépêche de récupérer ma voiture dans le parking privé et je file vers l'adresse indiquée. Je ne mets pas énormément de temps à y aller. Et lorsque je me gare, je me pomponne rapidement. J'inspire et expire. Allez Nora, sors de cette bagnole et assume. Go !

Je sors de ma voiture, la verrouille et file devant la porte d'entrée. Mon cœur explose en voyant "EZEKIEL JONES". Il bat à vive allure. Je déglutis et mon index appuie sur le bouton « C'est Nora » m'annonce-je. Un bruit se fait entendre, ma tête se tourne vers la porte que j'ouvre à la vas vite. Il m'a annoncé l'étage. Je décide de monter cependant les escaliers plus calmement, j'vais finir épuisée. On va éviter d'être déjà crever. Malgré tout, j'ai quand même le souffle court, le visage rouge par la situation, le sang qui tape dans les tempes et le cœur qui valdingue dans ma poitrine. Je m'avance vers la porte. Elle s'ouvre. Mon regard se pose sur l'homme. Sans dire quoi que ce soit, je saute dans ses bras, les lèvres rencontrant les siennes. Je le force à reculer et ferme la porte avec le pied. Mon sac tombe au sol, je me débarrasse de mon écharpe et ma veste. Je rompt le baiser fougueux pour reprendre mon souffle et déglutie « Tu m'as manqué » fis je, sincère, avec cette envie de pleurer. Cette envie de l'embrasser encore, cette envie d'être dans ses bras, cette envie d'être contre lui ...

C'était une connerie, une immense connerie. Je n'aurais même pas dû répondre à ses messages, l'ignorer et continuer à vaquer à mes occupations : une bière devant un match de football américain.  Cette fille c'était les emmerdes assurés. C'était me rappeler trop vivement de notre relation. C'était me foutre dans la merde si son père le savait. C'était... trop tentant. Est ce qu'elle avait encore le même goût ? Est ce qu'elle aimait les mêmes choses qu'avant ? Puis lui refiler mon adresse. Elle allait débarquer ma furie blonde et je pourrais pas lui résister. Il était évident qu'on allait baiser ensemble et qu'aprés... bordel je m'en tapais du après ! Je la voulais dans mon pieux, voir si ça collait toujours autant. Car moi j'en avais eu d'autre dans mes draps, de très bonnes, des excellentes même, je ne peux le nier... Mais elle, ça avait toujours été différent.

Un pas après l'autre pourtant. Je commençais par ranger les trucs qui traînaient, le maximum puisque Cassie avait passé la journée à l'appart puis une douche rapide. Mes draps étaient changés du matin même, c'était au moins ça. De toute façon si on allait au lit dés le départ ça serait un miracle... L'interphone sonna et avant même d'entendre sa voix je savais que c'était elle. « Ok » Je lui ouvre et regarde une dernière fois autour de moi, ras, rien à signaler ici en tout cas... J'entends juste la porte de la cage d'escalier et ouvre la mienne. J'ai à peine le temps de le regarder, de dévorer ses jambes qu'elle est entre mes bras. Je me plains pas. Je retrouve son parfum, peu importe celui qu'elle peut mettre, ou son gel douche, il y a toujours cette odeur addictive qui me vient au nez. Et ses lèvres, et sa langue. Je suis botté en touche quand elle ferme derrière elle, me faisait sourire. Je m'entends très bien avec ma voisine mais elle a raison autant ne pas en montrer trop. Je la serre directement contre mon torse, l'aidant fébrilement à retirer sa veste pour découvrir sous ma paume avant qu'avec mes yeux le tissus de sa robe. Nous respirons enfin et elle me glisse un -tu m'as manqué- qui finit de m'achever... « Toi aussi.. toi aussi tu m'as manqué Nora » Mes mains prennent en coupe son visage, ses cheveux blonds encore humide les encadrant. Le temps est suspendu comme si nous étions encore deux gamins...

J'ai envie d'le buter. J'ai envie d'le baiser. J'ai envie d'le buter ... non. Rentres chez toi. Ne marches pas vers cette porte. Rentres chez toi putain ! Ne toques pas à cette foutue porte ! Elle s'ouvre ! Merde ! FUIS ! Oublies le, fais lui un fuck effaces ces messages, bloques le. Non. Je saute dans ses bras pour l'embrasser, retrouver la sensations de ses lèvres contre les miennes, fermant la porte du pied. J'enlève ma veste rapidement, tout en continuant ce baiser plein de fougue. Cette fougue qui m'a tant manqué, mais cette fougue devenue plus appuyée, plus sensuelle ... plus adulte. Je dégage ma paire de godasse et mon sac. Je romps ce baiser le cœur battant pour lui balancer la vérité dans la tronche. Je déglutie, reprends mon air et j'ai l'impression que mon cœur explose. Nous nous sommes manqués l'un et l'autre. Bande de gros cons que nous sommes. Nous sommes vraiment des débiles profonds. Lui comme moi, allons nous briser. Nous allons nous arracher le cœur de l'autre pour le pétrir. Lui comme moi, ne sommes pas l'abri ... de nous trahir. Parce que s'il me trahit une nouvelle fois. Je risque ... de lui rendre la pareil. Mais pire. Vraiment ... pire.

Parfois on enjolive les souvenirs, on rends les odeurs plus entêtante, les peaux plus douces, le goût plus sucré. Il en était rien avec Aliénor. Pire encore : mon cerveau m'avait fait presque oublier à quel point elle était bonne. Il devait savoir que sinon j'aurais tout risqué.J'aurais accéléré le tempo d'un plan établi à la va vite, j'aurais butté son père et priait pour qu'on me laisse assez de temps pour consoler la fille, encore et encore , dans de multiples positions jusqu'à ce qu'elle ne pleure plus que de l'entre jambe. Au lieu de ça, j'avais fais en sorte qu'elle s'éloigne, que la ravissante petite blonde de seize ans qu'elle était drôle, attachante et déjà si curieuse de la sexualité dans tout ces états soit le plus loin possible de ma haine contre son sang. Depuis pas une ne m'avait fait battre le mien dans les tempes aussi vite.Pas une ne m'avait donné envie de tout foutre en l'air pour ses beaux yeux. Pas une ne m'avait provoqué les plus beaux rêves érotiques. Pas une, juste elle, juste ma Nora.